L'action de la mairie de Lyon contre "Lyon Ville Lumière"
Un peu de technique
Peut-être
un peu rébarbatif pour certains, ce paragraphe est indispensable pour
comprendre les enjeux. Un film argentique est une succession de
diapositives qui défilent à la vitesse de 24 images seconde, c'est la
persistance rétinienne qui fait que nous voyons l'image bouger. Quand
on projette une diapositive, on isole l'image ; du fait de l'absence
d'obturation et de la surface de la diapositive plus importante, chaque
diapositive a une définition et résolution beaucoup plus grandes que
l'image isolée d'un film. Pour projeter une image numérique, on utilise
un vidéo projecteur qui projette 24 images à la seconde. Il n'est donc
pas possible d'isoler une image et de la projeter comme on le fait pour
une projection diapo. Films et projections d'images fixes sont projetés
de la même façon en numérique ; on ne peut ainsi profiter de la très
grande résolution de certains capteurs d'appareils photographiques (+
de 20 millions de pixels). La projection numérique est uniformisée au
HD ou au 2K au cinéma, c’est-à-dire à 2 millions de pixels. Il existe
des projecteurs de cinéma en 4k (8 millions de pixels), mais ils sont
très chers.
La projection d'une diapositive 6x6 retranscrit
fidèlement sur l'écran la résolution de celle-ci, c'est-à-dire 75
millions de pixels. Une telle définition est-elle nécessaire pour Lyon
Ville Lumière ? Oui, en raison de la proximité des spectateurs de
l'écran. Chaque spectateur se trouve à une distance de 3 à 7 mètres de
chaque écran, alors que chaque écran mesure 7m x 7m. L'immersion du
spectateur dans l'image suppose que celle-ci doit être la plus "réelle"
possible, et ne pas être altérée par l'absence de détails.
Le rendez-vous manqué de 2003
Après
la démolition de la salle auditorium du Palais des Congrès en 1997, la
firme Hasselblad arrêta la fabrication des projecteurs 6x6 ; la
projection de panoramiques 6x17 en overlappanorama (=panorama continu)
devenait donc impossible. C'est alors que j'ai conçu la projection dans
un cube de lumière formé de 4 écrans translucides (voir synopsis ). En
2003, Monsieur Jean François Zurawick venait d'être nommé directeur
technique (pour les festivités) à la mairie de Lyon. Nous le
rencontrâmes dans les locaux d'une société audiovisuelle avec laquelle
je travaillais. Monsieur Zurawick nous proposa de faire, place
Bellecour, sous chapiteau, des projections gratuites de Lyon Ville
Lumière durant 2 semaines. Il faut savoir que cette projection dure 24
minutes et que la jauge n'est que de 50 places. J'ai refusé cette
proposition, en expliquant à Monsieur Zurawick que je souhaitais que
cette projection se déroule dans de bonnes conditions, ce qui était
impossible à réaliser dans le cadre d'une projection gratuite et une
jauge de 50 places. Seule une projection payante, permet au spectateur
d'avoir une place à la date et à l'heure qu'il a choisie.
La faillite de Rollei en 2009
La
firme Rollei, qui avait repris le nom de ses fondateurs, Franke und
Heidecke, est le dernier fabricant au monde de projecteurs 6x6 pouvant
être pilotés par ordinateur. En 2009, l'entreprise dépose le bilan et
sans projecteur, plus de projection. Je parviens, grâce à un
correspondant sur place, à obtenir pour un très bon prix (18000 €)
l'ensemble du matériel (dont 12 projecteurs) qui me manque pour
réaliser la projection de Lyon Ville Lumière. Je rencontre ensuite
Madame Najat Belkacem, adjointe aux grands événements, pour lui
demander de m'accorder une subvention de 18000 € pour pouvoir réaliser
dans le futur "Lyon Ville Lumière". Madame Belkacem refusa, quand, la
même année, le Grand Lyon accorda une subvention de 6 millions d'euros
à la Biennale d'Art Contemporain (voir lien).
2012, la projection de "Lyon Ville Lumière" devient techniquement et financièrement réalisable
En
2010, une vingtaine d'anciens salariés de Rollei créent l'entreprise DHW
et font redémarrer la production des projecteurs 6x6. En 2012, j'ai une
rentrée d'argent importante qui me permet de réaliser tout
l'investissement nécessaire pour produire Lyon Ville Lumière.
J'acquiers les projecteurs et j'envoie un courrier à la Mairie de Lyon
pour leur annoncer la bonne nouvelle ; je leur propose en guise de
"mise en bouche" pour le spectacle, de faire une exposition photos dans
l'atrium de l'Hôtel de Ville, sur l'édition 2012 de la fête des
Lumières. Bien qu'envoyé à 4 personnes différentes, je n'ai jamais eu
de réponse à ce courrier.
La situation en 2013-2014
La
programmation (sur ordinateur) du spectacle est terminée, la
composition musicale aussi ; tous les investissements sont réalisés à
l'exception des écrans. En 2 mois le spectacle peut démarrer.
En
mars 2014, eurent lieu les élections municipales. Je rencontrais
d'abord Madame Perrin Gilbert, maire du premier arrondissement et
soutenue par le Front de Gauche. Lors de notre entretien, Madame Perrin
Gilbert se montra très enthousiaste, puis à l'approche des élections
retourna sa veste. Je rencontrais ensuite Monsieur Michel Havard,
candidat pour la droite et le centre. Il m'assura de son soutien, mais
uniquement verbalement. Après les élections, quand je lui est demandé
de m'apporter un soutien par écrit, alors que j'entreprenais des
démarches auprès de la Mairie de Lyon, il se déroba. Enfin je contactais par écrit le Front National, mais je n'eus
pas de réponse.
Au mois de juillet 2014, je fis la demande à
Monsieur Collomb pour programmer Lyon Ville Lumière sous chapiteau.
C'est à ce moment que l'UMP, par l'intermédiaire de Michel Havard, se
défila. Je prenais tout
à ma charge, investissements et location du chapiteau et des
plateformes. Je demandais néanmoins à la Mairie de Lyon de se porter
caution solidaire pour l'emprunt que je devais faire concernant la
location du chapiteau, ainsi je me prévenais d'un nouveau coup tordu
comme celui du Foyer Monchat (voir lien).
En
octobre, je proposais de faire, en même temps que le spectacle, une
exposition sur le Musée des Confluences qui allait ouvrir. J'eus bien
une réponse négative de la Mairie concernant l'expo, mais toujours rien
concernant Lyon Ville Lumière. Après un sixième courrier resté sans
réponse, j'écris au président de l'association des maires de France (AMF)
et obtins enfin, après 8 mois d'attente la
réponse négative de la Ville
de Lyon sur le spectacle audiovisuel à 360°, Lyon Ville Lumière.Le
courrier était signé par Monsieur Képénékian, adjoint à la culture.
Quelques mois plus tard, je le rencontrais au cours d'une réunion
politique, sa réponse fut : "on ne pas tout faire".
Conclusion
On
a donc un spectacle audiovisuel sur 360°, qui constitue une première
mondiale dans ce domaine, qui est entièrement autofinancé et ne
nécessite aucune subvention, mais qui ne peut se faire en raison de la
politique culturelle de l'équipe en place à la Mairie de Lyon. Les
raisons de cette hostilité, je ne les connais pas, mais je suppose que
ce projet est jugé comme faisant de l'ombre à des bons copains qu'il
faut ménager. Cette politique culturelle, basée sur le copinage, a valu
à Gérard Collomb un entartrage dont je suis nullement l'auteur, mais
dont la nouvelle ne m'a pas offusqué.
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